Du 20 au 27 février 2005, récit de Luc
Incroyable, mais vrai : après 3 ans de louze, on a enfin réussi cette année à s’inscrire à la croisière organisée par le BDE de l’ENSAM, qui se déroulait en Sicile, cette année. Il y a donc eu 3 équipages de normaliens : un bateau de conscrits la semaine d’avant, et deux bateaux de vieux cons cette semaine :
- bateau de Gaël : Émanuelle, Adel Dayarian, Céline Descamps, Christophe (un extérieur, un ami d’Émanuelle), et moi
- bateau de Borg : Éric, Guillaume Moroz, Marguerite Martin, Élodie Lematte, et deux extérieurs.
Pour couper court au suspense, signalons tout de suite que Borg a eu un karma insolent (enfin, tant qu’il ne s’avisait pas de toucher à son GPS:-), tandis que l’autre bateau acumulait les tuiles.
À l’arrivée au port, première louze : les bateaux. Ce sont des Bénéteau Océanis, c’est à dire des veaux prévus pour que pépé et mémé puisse promener leur chien au moteur par calme plat. Ils remontent mal au vent, sont des vrais savonettes, il n’y a rien de prévu pour installer des lignes de vie (à force de tanner le loueur (et bien nous en a pris, comme on le verra bientôt), il a fini par nous en bricoler avec un bout tendu entre les taquets d’amarres…) l’enrouleur de génois et les bosses de ris se coincent tout le temps… Par contre, il y a un chauffe-eau et un guindeau électrique. Dans le même esprit, il y a un super GPS de la mort qui tue, mais des cartes imprécises, un compas de relevement merdique, et, pour bosser sur la carte une microscopique règle-rapporteur inutilisable. Bref, on dirait du windows, et d’ailleurs, le loueur ne voulait pas qu’on sorte par plus de force 5… Gaël nous fait un festival de « La voile, c’était mieux aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavant!» pendant toute la semaine.
Borg ayant le plus gros équipage et la plus grosse réserve de bouffe, il obtient un plus gros bateau que nous, ce qui lui permet de nous griller en permanence. À noter que son bateau s’appelle « Camilla », d’où de nombreuses vannes fines et subtiles à la VHF (« Ma choutte, ma choutte, ma choutte? De Prince Charles, Prince Charles. »).
Le soir de l’arrivée, c’est « soirée cubi ». Et le cubi sicilien, il est vraiment pas bon!
On part le lundi matin de Portorossa, notre port d’attache. On longe la côte (nord) de la Sicile vers l’Est, et, le soir, nous faisons escale au port de Capo d’Orlando. Nouvelle louze, le port n’est pas à l’endroit indiqué sur la carte, et l’on doit arpenter la côte pour le trouver.
On repart le lendemain (mardi), avec l’intention d’aller dans l’ile de Salina. La météo super précise prévoit du force 4..7. À peine sortis du port, on se prend un vent bien bourrin. Après quelques départs au lof, Gaël décide de rentrer au port attendre un peu que ça se calme. Et lors du retour, première casse : un oeuillet de la grand-voile casse. Affalage d’urgence, et retour au moteur… Après quelques péripéties, Gaël et Émanuelle réussissent à téléphoner au loueur, qui viendra faire la réparation (bizarrement, ils utiliseront le compas à pointe sêche pour percer la toile…). Pendant ce temps, le vent a faibli, et Borg est parti sans nous attendre, le vilain. Il arrivera à Salina sans encombre. Nous partons quelques heures après lui, on se prend une alternance de calme et de vent modérément fort (on est tranquiles avec juste 1 ris), et l’on atteint le point marqué « X » sur la carte. Là, la trouille de ma vie : en quelques secondes un orage monstrueux nous tombe dessus (vents de 90km/h, à ce qu’on nous a dit après coup). On affale les voiles en urgence, et là, mégalouze : le système pour acrocher la GV affalée à la bôme est complètement merdique (un taud avec une fermeture éclair), et inutilisable dans ces conditions (il y a des bouts de toile gonflés qui partent dans tous les sens). Gaël et Émanuelle finissent par s’en sortir en enroulant des cordes autour de la GV (ça parait rien, comme ça, mais avec le vent de chien qui fait bouger le bateau dans tous les sens, c’était vraiment une prouesse, et puis tenir la barre dans ces conditions était vraiment très difficile : le vent faisait plus ou moins ce qu’il voulait avec le bateau). Une fois les voiles bien affalées, notre situation reste précaire : le bateau n’avance plus qu’au moteur (si il lache, on est vraiment mal), et reste très dur à manoeuvrer. Gaël finit par prendre la décision qui s’averrera la bonne : traverser le détroit entre Vulcano et Lipari pour se réfugier au port principal de Lipari (point « Y » sur la carte). Le passage est stressant : le détroit n’est pas bien large, et le vent souffle en travers, avec le risque de nous déporter. Heureusement, ça se passe bien, et après peut-être une heure à être balotés et trempés, on débouche de l’autre côté où l’on est un petit peu abrité, et l’on réussit enfin à atteindre Y après un long cauchemar. Bravo à Gaël qui a su tenir bon et faire The Right Thing dans ces conditions abominables. On a encore eu de la chance d’avoir droit au début de l’orage où la mer n’était pas encore trop formée. Un autre bateau s’est retrouvé dans l’orage plus tardivement, et a galéré encore plus (ils ont eu droit à de la grêle, d’ailleurs).
Le mercredi, pour se reposer, on se fait une grande marche à travers l’Ile de Lipari. Borg nous rejoint dans la soirée.
Jeudi : but de la journée, faire l’aller retour au Stromboli pour voir ses éruptions de nuit. Tout d’abord, un autre bateau de la croisière a trouvé moyen de se prendre la pendille dans l’hélice. Christophe, qui est plongeur et a emmené son matos plonge avec Gaël pour les dégager. Puis nous partons en milieu de journée. Le vent est d’abord faible, et Borg nous grille de manière impressionante au démarage (ils reviennent même en arrière nous narguer). Puis cela forci, et nous arrivons sans encombres au Stromboli au coucher du soleil comme prévu. On fait le tour, en observant quelques jolies explosions. Au moment de partir, Borg décide de faire un point au GPS. Au bout de quelques secondes, le GPS s’éteint, et il s’aperçoit que ses bateries sont à plat… Il louze un moment sur place, nous permettant de prendre de l’avance sur le chemin du retour. Comme il n’a plus de VHF, il fini par communiquer avec nous à coup de SMS. Dans la nuit, le vent faiblit, et l’on est a plusieurs reprises obligés de nous en remettre au proverbe « Quand y’en a marre, Yanmar! ». On pensait qu’on allait quand-même réussir à arriver devant Borg cette fois-ci, mais non : c’est Éric Le Bourrin qui barre Camilla, et il met le Yanmar à fond et nous grille à quelques minutes de l’arrivée. Ouin bouhouhoud snif. Nouvelle louze, lors de l’amarrage, c’est à notre tour de nous prendre la pendille dans l’hélice.
Vendredi : Christophe plonge pour défaire la pendille de l’hélice. On part, mais le vent nous pousse sur les amarres du bateau d’à côté, et ce coup-ci, c’est sa pendille à lui qu’on se prend dans l’hélice. Qu’à cela ne tienne, Christophe replonge, et on fini enfin par pouvoir partir… La nav est courte : le but est juste d’aller mouiller à Vulcano. On réussit néanmoins à craquer le génois (qui avait été pas mal afaibli les jours d’avant lors d’enroulages foireux). Comble de la louze, en affalant la GV, on se rend compte qu’elle a une belle déchirure de 10cm de long (en fait, je l’avais vue en l’affalant sous l’orage, mais on ne l’avait pas revue après). On termine au moteur, et l’on mouille dans une petite crique de Vulcano. La manoeuvre de mouillage est scabreuse (ou comment envoyer une ancre en slalomant entre des corps-morts et la chaine et la pendille du voisin…). L’après-midi, on grimpe au sommet du volcan. On note un « Ulm torsche » gravé sur la terre du chemin, sans doute une trace des conscrits nacszes de la semaine d’avant… En redescendant, on ne trouve rien de mieux à faire que d’aller marcher au milieu des fumées crachées par le volcan (alors qu’il y avait un joli panneau prévenant qu’elles étaient toxiques), mais, apparament, c’était surtout du H2S, donc pas de bobo. Retour au port, surprise : le youyou de Borg, qu’ils avaient laissé à la rive est retourné tout seul auprès de maman-Camilla qui est mouillée au milieu de la crique. On soupçonne fortement un bateau d’archicubes de l’ENSAM, mouillé à côté de nous de cette gentille blague. Christophe commence à se mettre pour la 3ème fois de la journée en combinaison de plongée quand ils nous invitent à prendre l’apéro chez eux (impressionante, leur cave), puis déposent, en partant l’équipage de Borg sur Camilla.
Samedi : debout à une heure impossible pour un retour au moteur sans histoire vers Portorossa. Le soir, les organisateurs nous ont concocté une sangria-cubi absolument imbuvable à moins de la couper avec du nectar-multivitaminé.
Dimanche : navion pour Paris…
Luc, qui que merci encore à Gaël de nous avoir skippé et de nous avoir sortis indemnes de l’orage!
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